Surnommé le prince rose, Charles-Joseph, prince de Ligne et du Saint-Empire, a représenté bien plus que le bel esprit du XVIIIe siècle, il fut un grand écrivain et un ambassadeur subtil auprès des cours européennes.Â
Né à Bruxelles en 1735, le prince Charles-Joseph de Ligne fut une personnalité aussi originale que flamboyante. Il aurait rêvé pouvoir embrasser une brillante carrière militaire, à l’instar d’un Eugène de Savoie ou d’un Maurice de Saxe, mais il rayonnera essentiellement par ses talents diplomatiques et littéraires.
Son analyse fine des évènements, sa franchise et son esprit le mèneront dans l’intimité des grands de ce monde. Ami privilégié des reines et des impératrices, il va entretenir une brillante correspondance non seulement avec les souverains mais aussi les philosophes et les femmes d’esprit telles Germaine de Staël. De Voltaire à Casanova, Charles-Joseph virevolte, traversant l’Europe comme on traverserait une avenue, son énergie est impressionnante. Jamais il n’oubliera ses racines wallonnes et son somptueux château de Beloeil, objet de toutes ses attentions. Créateur de jardin et homme de lettres sur le sujet sans être architecte, il avait en la matière, un goût très sûr. Reprenant le flambeau après son père, il crée jardins, île et bassins et donne sous les charmilles, des fêtes somptueuses et féériques. Surnommé le prince rose, couleur de la famille, il serait malheureux de limiter notre analyse à ses talents de séducteur impénitent, de ne voir en lui qu’un prince léger et étourdi. Derrière la façade du charmeur, se dissimule un homme sensible et brillant. Ayant connu tour à tour la richesse alliée aux honneurs et les difficultés financières, il tâchera de se montrer stoïque dans l’adversité. Exilé à Vienne, il sera le maître de cérémonie, l’âme du célèbre congrès de Vienne, lui, le représentant des anciennes cours. Européen de l’esprit, ses funérailles à Vienne en 1814 seront grandement militaires, avec une pompe et un éclat retentissant. Il a laissé une impressionnante correspondance dont les milliers de lettres sont conservées à Beloeil. De surcroît, avec sa prodigieuse plume, il a rédigé de très nombreux textes, pièces de théâtre, mémoires et contes qui enchantent et ravissent ses lecteurs.